
Guillaume Lebrun
Guillaume Lebrun a été conçu dans une éprouvette, étiquetée 876437 1-A, 1986. Etre humain à l’essai, il s’efforce de remplir toutes les clauses métaboliques de l’espèce. Pour autant, il n’a ni étudié, ni travaillé. De basse extraction, se perçoit comme issu d’une technique ; faute de disposer de moyens suffisants pour découvrir le monde, s’utilise comme unique objet d’écriture. Mais s’arroge le droit de contrefaire le réel, la vérité, sa vie, assassine ceux qui l’importunent. Il dispose les morts et les mots sur la page, déserte ses personnages. Seul, le corps du texte éparpillé chancelle, bancal et contestable, toutefois tenu ensemble par le désordre même, l’inconsistance du souffle.
Fabriqué en laboratoire, il cherche à éprouver la réalité, s’approprier les espaces libres de ses émotions contradictoires.
Fabriqué en laboratoire, il cherche à éprouver la réalité, s’approprier les espaces libres de ses émotions contradictoires.
Chez joca seria
Quelque chose de l'ordre de l'espèce
Guillaume Lebrun
Guillaume Lebrun
Autofiction mythomane, ou autofiction tout court, Quelque chose de l'ordre de l'espèce parle du père et de sa haine, de son héritage, de sa folie, de son meurtre et des survivants. Un texte aussi saisissant que poétique. Quelque chose de l'ordre de l'espèce met en scène une mère et un fils soumis à la paranoïa antisémite et raciste d'un père tout puissant. Chacun a recours à des moyens inadéquats pour tenter de garder contact avec le réel. Mais nourris par la haine, construits autour d'elle, ils ne peuvent s'en défaire complètement. Ils en ont besoin pour exister, c'est à travers elle que s'est fondée leur identité. Tout part du meurtre de Samuel Rosenfeld, événement traumatique, concrétisation de la fureur du père. Samuel Rosenfeld, cadavre initial que chaque personnage va gérer comme il peut. Le lien qu'ils créent avec Simon, fils de la victime, représente encore leur attachement au père, puisque Simon lui-même ne s'est réalisé qu'à travers cet événement traumatique. À travers trois parties qui jouent magistralement sur le rythme et les registres de langue, Guillaume Lebrun signe ici un premier ouvrage à tous points de vue remarquable.
Prototype 876437 1-A
Guillaume Lebrun
Guillaume Lebrun
Guillaume Lebrun doit son existence à une technique :
C'est un bébé éprouvette. Il se considère donc comme un prototype numéroté, un être humain à l'essai, qui doit intégrer les données qui lui sont soumises. Mais dès l'enfance, seules la violence et la folie familiale constituent son quotidien : son père est son bourreau. Alors qu'il tente de se reconstituer une identité, il est assailli par la voix des victimes, nombreuses, du même tortionnaire. Tous exigent que l'écrivain relaie leur histoire, quitte en perdre sa propre langue.
Récit fulgurant sur l'impossibilité de dire l'horreur, ce texte interroge la notion d'autofiction de manière inédite.
Guillaume Lebrun a 25 ans. Il a publié l'an dernier son premier livre, Quelque chose de l'ordre de l'espèce, dans la collection Extraction. Il sera en résidence à Montévidéo, sur invitation d'Hubert Colas, en 2012.
Pour tenir à distance la folie et la violence familiale, Guillaume se refugie dès l'enfance dans la mise en fiction des faits et événements qui constituent son quotidien. Ce processus a engendré son premier livre, Quelque chose de l'ordre de l'espèce, mettant en scène la figure dévastatrice d'un père en proie à une haine abyssale. Alors que l'auteur tente dans son second opus de se reconstruire une identité, il découvre, par la voix des autres, ceux qui ont connus ce père monstrueux, qu'il est loin d'être une victime singulière.
L'enfant dit « Guillaume Lebrun » est un prototype, issu d'une technique. Il s'est appliqué à développer toutes les clauses métaboliques de l'espèce, mais la conscience de sa fabrication vient se placer comme un filtre sur ses perceptions extérieures. Il se représente comme un être humain à l'essai. Il intègre malgré tout le système, tente de développer des sentiments, des convictions, un intérêt.
Mais le processus s'enraye, les êtres qui s'occupent de son éducation sont déclassés, et dérivent lentement vers une forme de folie qu'ils s'emploient à lui transmettre. Partagé entre sa froideur et la nécessité de faire face à la violence engendrée sous ses yeux, il décide de transmuter et de devenir autofictif. Mais à la suite d'une mise au jour de ses procédés, le prototype 876437 1-A s'aperçoit qu'il n'est plus une victime singulière. Les voix extérieures, 'les autres', viennent infiltrer le système qu'il a mis en place, pour raconter leur histoire qu'ils estiment aussi légitime que la sienne. Débordé par leurs attaques, il se laisse envahir tout à fait.